Le Brésil, le plus grand pays d’Amérique latine, a franchi une étape importante dans le débat complexe et controversé autour de la consommation de cannabis. Le 25 juin, la Cour suprême brésilienne a décidé à une large majorité de dépénaliser la possession de cannabis à usage personnel. Huit des onze juges ont voté en faveur de cette décision, marquant un tournant historique dans la législation brésilienne sur les drogues.
Une dépénalisation et non une légalisation
Il est essentiel de comprendre qu’il s’agit là d’une dépénalisation et non d’une légalisation du cannabis. Le président de la Cour suprême, Luis Roberto Barroso, a clairement indiqué que la consommation de cannabis reste un acte illicite. La distinction est cruciale : la dépénalisation élimine les sanctions pénales pour la possession personnelle, mais ne rend pas le cannabis légal.
Jusqu’à cette décision, la législation en vigueur au Brésil, datant de 2006, considérait l’acquisition, la possession ou le transport de drogues sans autorisation comme un délit. Cette loi ne spécifiait cependant pas de seuil quantitatif clair entre usage personnel et trafic de drogue, laissant cette appréciation à la discrétion de la police, du parquet ou des juges de première instance. Cette absence de critères objectifs a souvent conduit à des discriminations.
Une société divisée
La question de la dépénalisation du cannabis divise profondément la société brésilienne. Les mouvements conservateurs s’opposent fermement à toute forme de dépénalisation. En avril, le Sénat a même approuvé un projet visant à inscrire dans la Constitution que la possession de n’importe quelle quantité de drogue constitue un délit, y compris le cannabis. Cet amendement doit encore être examiné par la Chambre des députés, ce qui montre bien l’intensité du débat sur ce sujet au Brésil.
En parallèle, le débat sur l’usage médicinal du cannabis continue de susciter des discussions. Des patients brésiliens ont dû recourir aux tribunaux pour obtenir le droit d’utiliser des traitements à base de CBD, une molécule non psychotrope du cannabis, pour traiter certaines formes sévères d’épilepsie. Cette situation souligne la nécessité de clarifier et d’adapter la législation aux besoins médicaux des patients.
Le Brésil emboîte le pas à l’Allemagne. La France reste prudente.
Le Brésil rejoint ainsi la liste des pays ayant dépénalisé l’usage récréatif du cannabis, parmi lesquels figurent également le Portugal, l’Argentine, et certains États des États-Unis. En Europe, des pays comme l’Allemagne ont fait le choix de légaliser l’usage du cannabis, marquant une étape supplémentaire par rapport à la simple dépénalisation. L’exemple allemand, où la légalisation a été adoptée en février 2024, montre une tendance croissante vers une approche plus tolérante et régulée du cannabis à l’échelle internationale.
En contraste, la France maintient une position plus stricte. Bien que le débat sur la dépénalisation et la légalisation du cannabis soit vif, notre pays n’est visiblement pas encore prêt à franchir ce pas. Affaire à suivre…
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